jeudi 7 mai 2020

Mythes autour du Yellow Kid

Le Yellow Kid est une des premières stars de la BD. Il en a longtemps été considéré comme le premier héros, comme le diffuseur de la bulle comme code des paroles humaines, comme une caricature de Chinois. 

Ces informations méritent ajustement et correction.

Rien ne présageait son succès. Le personnage apparait d'abord en 1894 dans le décor de scènes dessinées par Outcault, il n'a pas de nom, pas sa couleur jaune, pas de texte et encore moins de dialogues. Selon l'historien de la BD Ian Gordon, Outcault ne le considère pas comme un individu mais comme un archétype.

Ces scènes ne sont pas des bandes dessinées, juste des cartoons, qui deviendront des planches entières.

Sa couleur jaune sera le fait du responsable de la couleur Charles W. Saalburg (par ailleurs auteur de la première série en couleur en 1894). Le nom « Yellow Kid » viendra des lecteurs. Outcault le baptisera Mickey Dugan.

Au départ il n'est donc même pas le héros des planches hebdomadaires dans lesquels il apparait. Ces séries de planches ne portent pas son nom. Elles sont dénommées Hogan's Alley, puis McFadden’s Row of Flats (18 octobre 1896-10 janvier 1897), enfin Around the World with the Yellow Kid (17 janvier 1897-30 mai 1897), et Ryan’s Arcade. Aucune de ces séries n'est une bande dessinée.


Il semble que très tôt, le personnage ait été pris pour un Chinois. Dans la planche du 6 septembre 1896 qui décrit la visite de Li Hung Chang à New York, le Yellow Kid parade en tête, déguisé, et s'amuse de cette confusion : « He thinks I'm a Chinaman.» Qui voit cette image sans lire le texte sur la chemise peut s'y méprendre.

Le lendemain, Outcault essaye de déposer la marque « The Yellow Dugan Kid ».

Une note sur le bras le nomme Mick Dugan le 4 octobre juste avant qu'Outcault change d'éditeur.

C'est alors que concurremment à la planche hebdomadaire McFadden's Flats, le Yellow Kid apparait dans une véritable bande dessinée à son nom qui commence le 25 octobre 1896. C'est celle où une bulle sort d'un phonographe, puis de la bouche du Yellow Kid et enfin d'un perroquet. Il semble que ce code soit d'abord celui du langage non humain car dans les épisodes suivants le Yellow Kid continue de porter ses dialogues sur sa chemise tandis que les bulles sont attachées au perroquet, à un chien, une chèvre, un réveil, une pie, un chat, etc. Jamais, ni dans la BD ni dans les planches, la bulle ne devient le code habituel des paroles humaines.

Le Yellow Kid apparait dans une planche de Buster Brown de 1907, il est nommé « Petit Chinois » lors de sa parution en France en album, perpétuant sur notre territoire une confusion qui semble avoir déjà existé.

Peu étonnant que les historiens de la BD y aient parfois perdu leurs petits.

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